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Football : Gian Piero Gasperini, l'architecte de la « Dea » - Le Monde

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Gian Piero Gasperini, pendant le huitième de finale de Ligue des champions contre Valence, le 19 février, à Milan (Italie).

« Jouer l’Atalanta, c’est comme aller chez le dentiste, tu es sûr de souffrir. » Pep Guardiola, l’entraîneur de Manchester City, n’a pas vraiment aimé affronter l’Atalanta Bergame, malgré une victoire et un match nul enregistrés cet hiver par le club anglais face à l’équipe italienne, en phase de poules de la compétition phare européenne.

Il a surtout su apprécier, comme beaucoup d’entraîneurs européens, le jeu offensif et séduisant du club lombard, qui fait souffrir tous ses adversaires, même les plus prestigieux. A la tête de cette équipe, qui étonne l’Europe du football et qui affronte le PSG, mercredi 12 août, en quarts de finale de la Ligue des champions, se trouve un maître tacticien de 62 ans, Gian Piero Gasperini.

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Milieu de terrain modeste dans les années 1980, formé dans les équipes de jeunes de la Juventus de Turin, Gasperini a majoritairement joué en deuxième division italienne. Après avoir géré, pendant neuf ans, les jeunes de cette même Juventus, le Piémontais s’est taillé une réputation de bâtisseur.

Pour son premier mandat, il a fait monter l’équipe de Crotone d’une division, avant de faire de même avec le Genoa, qu’il a ramené en 2008 en Serie A, après douze ans d’absence dans l’élite du football italien, emmenant le club jusqu’à une cinquième place dans ce championnat, et une qualification en Ligue Europa.

C’est à Gênes qu’il a hérité du surnom « Gasperson », fusion de Gasperini et (Alex) Ferguson, l’entraîneur multititré de Manchester United, et obtenu le respect de ses pairs : le Portugais José Mourinho, l’actuel coach de Tottenham (qui a gagné deux Ligue des Champions, avec le FC Porto et l’Inter Milan, et deux Ligue Europa, avec le FC Porto et Manchester United), dit de lui qu’il est « l’entraîneur qui [l’a] mis le plus en difficulté ».

Un « Final 8 » inédit

Epidémie de coronavirus oblige, l’UEFA, l’instance qui coiffe le football européen, a choisi une formule inédite pour boucler la Ligue des champions. Les huit équipes encore en lice sont réunies à Lisbonne pour un « Final 8 ». Quarts de finale et demi-finales se dérouleront par élimination directe, quand habituellement les équipes s’affrontent en deux matchs, aller et retour. Tous les matchs auront lieu à huis clos. Cette formule permet de clore la compétition avant la reprise des championnats nationaux, de limiter les déplacements et minimiser les risques d’infection. Le PSG ouvre le bal mercredi 12 août face à l’Atalanta Bergame. Suivront RB Leipzig-Atlético Madrid, jeudi, Barcelone-Bayern, vendredi, et Manchester City-Lyon, samedi. Les demi-finales auront lieu mardi 18 et mercredi 19, la finale dimanche 23.

Un jeu résolument offensif

Quand Gasperini a débarqué à Bergame, en 2016, l’Atalanta n’était qu’une équipe modeste de seconde partie de tableau de Serie A. Ses débuts seront difficiles : il perd beaucoup et se retrouve sur la sellette. Le grand reporter et romancier bergamasque Gigi Riva, supporteur du club depuis toujours, se souvient : « Après ses cinq premiers matchs, il n’avait pris qu’un point. Il était sur le point d’être viré. Mais le président a voulu lui donner un peu de temps et cette incroyable période a débuté. »

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Cinq ans plus tôt, l’Inter Milan n’avait pas eu cette patience. Recruté en juin 2011 dans son premier club d’envergure internationale, Gasperini avait été licencié en septembre, sans avoir remporté un seul match, ni réussi à convaincre des bienfaits de sa défense à trois joueurs (au lieu de quatre généralement).

Entraîneur rigoureux, prêchant un système de jeu immuable, le 3-4-3 (trois défenseurs, quatre joueurs en milieu de terrain, trois attaquants), et un culte de l’effort à l’entraînement comme en match, Gasperini a transformé l’Atalanta Bergame.

Vivant à l’ombre des géants de Milan (l’Inter et l’AC, la capitale lombarde étant distante de 50 kilomètres seulement), la « Dea » – la « déesse », surnom de l’Atalanta – est devenue en quelques années l’une des équipes les plus enthousiasmantes d’Europe.

Dès sa première saison, Gasperini la propulse à la quatrième place de Serie A, le meilleur résultat de l’histoire du club jusqu’alors (cette saison, l’Atalanta a fini à la 3e place du championnat). Surtout, il transforme la façon de jouer et en fait une équipe infatigable et résolument portée vers l’attaque.

« Gasperini a montré qu’une autre manière de jouer au football était possible pour un petit club », commente le romancier Gigi Riva

Homme de base au milieu de terrain, l’international néerlandais Marten de Roon a connu l’avant-Gasperini à l’Atalanta. Sur le site The Athletic, il résumait, le 4 juillet, l’apport le plus important à ses yeux de son entraîneur actuel : « Il a changé l’état d’esprit de l’équipe. Peu importe contre qui vous jouez, vous devez jouer pour gagner. »

Gigi Riva, qui a vu se succéder à Bergame une quarantaine d’entraîneurs, approuve : « Gasperini a montré qu’une autre manière de jouer était possible pour un petit club. On va prendre des risques même si on est juste l’Atalanta. »

« Pour attaquer, il faut voler le ballon »

Pour prendre des risques, Gasperini s’appuie sur un système de jeu qui repose sur la grande polyvalence des joueurs. « Tactiquement, il est italien. Mais il est aussi un peu néerlandais, avec le football total : il veut que les défenseurs et les milieux attaquent, et que les attaquants défendent », résume De Roon.

L’entraîneur assume cette inspiration hollandaise qui remonte aux années 1990, à une époque où l’Italie ne jurait que par le système de jeu rigide (4-4-2) d’Arrigo Sacchi, entraîneur du Milan AC et sélectionneur de l’équipe nationale. « Au mitan des années 1990, j’entraînais les jeunes de la Juve, racontait Gasperini en 2014 au quotidien La Gazzetta dello Sport. L’Ajax [Amsterdam] était fantastique en 3-4-3, les joueurs dansaient. Je me suis aussi mis à jouer à trois derrière. »

Résultat de cette volonté de faire contribuer tout le monde au jeu : cette saison, l’Atalanta a inscrit 98 buts en Serie A, meilleure attaque du pays, avec un apport très important des défenseurs : dix buts pour le latéral Robin Goosens, sept passes décisives pour le central Rafael Toloi.

Gasperini met aussi l’accent sur le fait d’exercer une pression intense, éprouvante physiquement, qui doit permettre de faire souffrir l’adversaire et prendre le dessus. « Je n’ai jamais cru qu’il faille attendre que l’adversaire fasse une erreur. Pour attaquer, il faut voler le ballon », expliquait l’entraîneur au Guardian, en mai.

Arrivé au club en 2018, Jens Bangsbo, l’ancien préparateur physique de la Juventus, construit des séances très exigeantes avec un objectif : que les joueurs soient toujours en meilleure forme que leurs adversaires en fin de rencontre. Gasperini assume : « A l’entraînement, mes joueurs doivent souffrir. Ceux qui n’ont pas l’habitude de travailler dur me font peur. Mais de la souffrance naît la victoire. »

Faire souffrir l’adversaire

A l’heure d’affronter le Paris-Saint-Germain, Gian Piero Gasperini espère puiser dans d’autres souffrances une motivation supplémentaire pour son équipe. Bergame a été fortement atteinte par l’épidémie de Covid-19 et les joueurs, dont beaucoup ont passé leur confinement sur place, ont été très touchés.

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Alors qu’il a lui-même été malade, l’entraîneur compte s’appuyer sur ce vécu pour motiver encore davantage un groupe qui a l’occasion d’écrire l’histoire : jamais l’Atalanta n’avait atteint ce stade de la compétition.

Interrogé, en mai, sur ce qu’il dirait à ses joueurs à la reprise du football, l’entraîneur avait insisté : « Ces joueurs ont un lien fort avec Bergame, la ville et les fans. Bergame a beaucoup souffert, il est temps de redonner le sourire aux gens. »

Il faudra pour cela battre le PSG, qui pourrait ne pas apprécier son passage chez le dentiste. La comparaison de Pep Guardiola a plu à Gasperini, qui s’y est reconnu : « C’est mon objectif : créer une équipe qui fait souffrir n’importe quel adversaire. Je pense que la métaphore du dentiste est parfaite. »

  • Un « Final 8 » inédit. Epidémie de coronavirus oblige, l’UEFA, l’instance qui coiffe le football européen, a choisi une formule inédite pour boucler la Ligue des champions. Les huit équipes encore en lice sont réunies à Lisbonne pour un « Final 8 ». Quarts de finale et demi-finales se dérouleront par élimination directe, quand habituellement les équipes s’affrontent en deux matchs, aller et retour. Tous les matchs auront lieu à huis clos. Cette formule permet de clore la compétition avant la reprise des championnats nationaux, de limiter les déplacements et minimiser les risques d’infection. Le PSG ouvre le bal mercredi 12 août face à l’Atalanta Bergame. Suivront RB Leipzig-Atlético Madrid, jeudi, Barcelone-Bayern, vendredi, et Manchester City-Lyon, samedi. Les demi-finales auront lieu mardi 18 et mercredi 19, la finale dimanche 23.

Un protocole sanitaire strict

Les équipes qui disputent le « Final 8 » de la Ligue des champions de football sont soumises à un protocole drastique édicté par l’UEFA.

  • Des dépistages avant les matches

Tous les participants (joueurs, accompagnateurs…) ont été ou seront testés à J-3 ou J-2 avant de quitter leur pays. Un autre test sera pratiqué sur le lieu du tournoi la veille du premier match. Les résultats sont communiqués au moins 6 heures avant le coup d’envoi du premier match.

  • L’isolement en cas de symptômes

Si un participant développe des symptômes indiquant une potentielle infection au Covid-19 il sera isolé dans son hôtel et devra contacter les autorités sanitaires locales.

  • Chaque équipe devra disposer de 13 joueurs sains pour pouvoir jouer

Si une équipe ne dispose pas de treize footballeurs figurant sur la « liste A » des joueurs éligibles soumise au préalable, l’UEFA « peut autoriser la reprogrammation du match ». Si le match ne peut être reprogrammé, l’équipe ne pouvant pas aligner 13 joueurs « sera tenue responsable » et aura match perdu sur le score de 3 à 0.




August 11, 2020 at 10:58AM
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